Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nicolas Chemla, Luxifer. Pourquoi le luxe nous possède

Nicolas Chemla est enseignant à l’école de communication de Sciences Po Paris. Dans son récent essai, il s’efforce de démontrer pourquoi le luxe nous possède.

LE LUXE A PRIS POSSESSION DE LA PLANÈTE

Le luxe semble avoir pris possession de la planète : d’une santé éclatante malgré la crise, de New York à Shanghai, il dicte nos rêves, sculpte nos corps, lisse nos peaux, redessine nos villes. Pour des millions de personnes, il définit le rêve ultime. Il a ses temples, ses messes, ses gourous, ses prêtres, ses croisés. Tout travaille à convertir nos âmes à sa nouvelle religion.

L’AVÈNEMENT D’UN ESPRIT LUCIFÉRIEN ?

Et si l’on retrouvait derrière ce phénomène l’avènement d’un esprit luciférien ? Non pas le diable rouge, épouvantail d’une idéologie bigote, mais, en revenant aux sources mêmes de ce qu’il incarne, Lucifer comme principe de liberté, de rupture et de création ? Telle est l’une des interrogations auxquelles l’auteur essaie d’apporter des éléments de réponse.

QUI EST SATAN ?

Satan est plus populaire que biblique. La littérature et la musique sont habitées par Satan, avec des œuvres comme Le paradis perdu de John Milton, Le château d’orante d’Horace Walpole, Le moine de Lewis et beaucoup d’autres. Satan devient non plus un objet, mais un moteur de création.

LA LICENCE CRIMINELLE

Une partie des « hyper riches » semble s’octroyer une « licence criminelle ». Pour la police de Milan, le secteur du luxe serait fortement consommateur de drogue. Grâce à ce secteur, la Gomorra blanchirait son argent.

Tous les objets sont chargés d’une valeur immatérielle et c’est le propre du marketing que de chercher à renforcer cette charge imaginaire. Le pouvoir luciférien convertit mêmement les objets et les hommes. Le luxe peut servir de consolation à un ego blessé, il résonne particulièrement bien avec un ego narcissique, surdimensionné et insensible à l’autre.

Curieusement, depuis quelque temps, le luxe affirme néanmoins sa volonté de se « trouver » une conscience. L’exploitation du personnel des palaces du monde montre que le luxe n’est pas encore vertueux. La marque Harley Davidson joue à fond sur la dimension luxiférienne. On retrouve de nombreuses têtes de mort et la devise n’est autre que « ride to die, die to ride » (conduire pour mourir, mourir pour conduire).

« LUXIFER »

Le luxe nous révèle l’une de ses vérités essentielles, une folie magnifique. C’est une sorte de « long sanglot qui roule d’âge en âge et vient mourir au bord de notre éternité » (Charles Baudelaire, « Les phares », in Les fleurs du mal).

Une réflexion, pertinente et incisive à l’approche des fêtes de Noël, qui détonne !

Nicolas Chemla, Luxifer. Pourquoi le luxe nous possède, éditions Séguier, octobre 2014, 152 p., 18 euros.

Tag(s) : #Actualité, #Communication, #Publicité
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :